L’acte colonial

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La mission de Moodie était complexe. Heureusement, le gouvernement régional de Lobert-trov avait pris au sérieux les demandes de budgets. Le matériel et l’équipage de la mission à laquelle il avait été rattaché était en nombre et en qualité supérieur à l’évaluation d’origine. C’était une forme de message qu’on adressait à lui et ses collègues: faites vite, faites bien, et ne vous trompez pas.

Depuis qu’il y a six années la république populaire de Néalia avait repris les opérations de terraformations et de colonisation de planète, on ne parlait que de ça. Bien sûr, c’était le type de travaux qui prenaient plusieurs générations à se terminer, et les habitants de ses planète vivraient dans des dômes pendant des centaines d’années. Cependant, le but n’était pas d’être aussi efficace et rapide que quand on colonisait l’espace lui-même, à coup d’habitat artificiels qui en quelques années à peine était complètement terminés (pour peu qu’on fournisse les moyens). Terraformer une planète, et habiter dans ces dômes étaient des symboles.

Personne ne pouvait déplacer de planète. Personne ne pouvait créer une ancre gravitationnelle aussi puissante qu’une planète. Faire ces actions c’était réellement s’installer, pour de bon, dans un système. C’était se l’approprier dans sa terre, s’enraciner. C’était aussi pour un gouvernement multi-stellaire l’acceptation d’une forme de fragmentation de la culture d’origine. Car la distance, la taille, et la nature des planète étaient propice à la dérive culturelle. Une dérive plus rapide et plus radicale que des habitats spatiaux.

Et Lobert-trov ne pouvait pas ne pas y répondre. Il n’y avait bien sûr aucune guerre avec la république populaire (les guerres spatiales avaient toujours été un désastre économique et humain, aussi tout le monde les évitaient comme la peste), mais des tensions. Les conflits mineurs entre marchands dans les systèmes limitrophes qui s’étaient parfois soldé avec des morts. Les différents gouvernements impliqués essayaient dans leurs rares instants de clarté de désamorcer ces situations difficiles, mais il n’était jamais simple d’expliquer qu’aucune escalade du conflit ne serait entreprise.

Les médias faisaient leur pain de ces évènements, les agitant devant les citoyens pour les exciter dans leur colère. Et malheureusement le gouvernement régional n’avait jamais réussi à faire arrêter les fauteurs de troubles comme “Veritas”, le journal réactionnaire. Les conservateurs du parlement avaient toujours repoussés cette idée de museler les média de droite bien sûr, dans une alliance contre-nature avec les libéraux majoritaires qui considéraient que la liberté de la presse était totale et sans limites.

Et cela avait abouti à ce besoin populaire de montrer “qu’on pouvait faire mieux que la république populaire”, donc la terraformation de plusieurs planètes frontalières. Et y installer une escadre de protection permanente bien sûr…

Novapolis était à plus de 20 années lumières derrière lui, heureusement le vaisseau était sur le point de faire les premières manoeuvre en espace normal depuis 2 mois, et donc d’arrêter de s’éloigner. Il avait déjà le mal du pays, un comble pour lui qui était engagé pour 10 ans au minimum, et qui risquait de s’éloigner encore plus. Mais moodie ne déserterai pas.