Fait d’hivers 2

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La présence de vie intelligente et organisée en sociétés primitives, similaire à une proto-civilisation terrienne n’avait pas fait plaisir à Moodie. Réussir à retourner jusqu’à la flotte depuis une planète perdue dans un système sauvage avec pour unique technologie quelques ordinateurs sorti de l’épave de son vaisseau était déjà un sacré challenge. Mais maintenant il risquait d’avoir en plus affaire à un danger politique.

La république limitait les contacts avec les aliens pre-spaciaux. Hormis quelques circonstances stratégiques, cette loi était strictement respectée. Et quelque soit ses propres circonstances Moodie aurait du mal à expliquer à un tribunal militaire des aliens qui lui vouerait un culte comme à un dieu, ou les montagnes de cadavres qui pourraient résulter d’une rencontre hostile. Après tout, les systèmes de pensées aliens étaient parfois impossible à comprendre sans une modélisation mathématique tant ils étaient différents de la psyché humaine.

Moodie secoua la tête comme pour chasser physiquement ces pensées pessimistes. Il n’avait pas le temps de s’occuper de ce problème pour l’instant. Les natifs étaient loin de l’avoir détecté à proprement parler et il était virtuellement impossible de cacher la pollution qu’il créait dans cette région. Il avait réussit à créer une cimenterie, chose dont il n’était pas peu fier bien que la technologie était primitive. C’était un moyen de construire des infrastructures basiques presque manuellement et avec peu d’énergie. Certes cela consommait une grande quantité de matériaux comparés aux structures modernes grâce aux matériaux de pointes, mais le ciment et le béton de ciment sont tellement simple et ses propriétés tellement honnête qu’il était difficile de s’en passer.
Un peu de carbonate de calcium et de silice, avec quelques traces de métaux, d’oxydes d’aluminium et de fer, le tout broyé comme de la farine très fine, cuit comme un gâteau (passé à la pyrolyse), refroidit et rebroyé et hop, voilà des routes, des tubes, des infrastructures pour les machines. Bien sûr il avait échoué plusieurs fois sur ses fours dont la température était approximative, et sur le traitement de son matériaux de base. Mais après quelques essais il avait réussi à éliminer les éléments contaminant majeurs de ses extractions.

A partir de recyclage de son épave il avait réussi à fabriquer rapidement des fours avec lesquels il avait fondu ses premières tonnes de minerais et créer ses premières fontes. Il avait ensuite rapidement automatisé par un drone et quelques sondes les programmes pour équilibrer les compositions de sa cuisine et ses températures. A partir de là il avait rapidement obtenu toutes les pièces mécaniques qu’il voulait (dans des qualités approximatives).

Cette quasi indépendance de son matériel recyclé lui avait permis de planifier et fabriquer plusieurs unités d’extractions, de forge et d’assemblages plus ou moins efficaces, bien que pas encore totalement automatisées à cause du manque de matériel électronique et de sa peur de consommer ses stocks limités avant de pouvoir fabriquer ses propres puces.

Les traitements des différents matériaux étaient très approximatif, et les pertes montaient parfois à plus de la moitié du volume utilisable initial, en plus des déchets qu’il ne pouvait pas encore exploité à cause de l’absence de nombreux composés complexes. Le pire était probablement l’absence virtuelle de lubrifiant, qui usait les machine à une vitesse incroyable.
La qualité des éléments manufacturés mécaniques de bases étaient également approximatifs, avec des pertes de presque 25% de la production à cause de tares majeures.
Les systèmes mécaniques cassaient plusieurs fois par jour, ce qui demandait une intervention et un remplacement (heureusement ses drones modernes pouvaient faire ce travail pour lui après une courte programmation).\

Et malgré ce désastre industriel, chaque jour améliorait la qualité du matériel. Les volumes augmentant chaque jour de manière importante, quelques nouveaux matériaux s’ajoutant et simplement grâce à la meilleure qualité des tests réels que des simulations, il était possible d’améliorer et optimiser tout un tas de ses procédés industriels quasiment improvisés. Et le nouveau lubrifiant à base de bois qu’il était en train de tester de réussir à produire à hauteur de plusieurs dizaines de litres par jour faisait de merveilles et venait de multiplier par 3 la durée de vie de presque toutes ses machines.

Moodie rentrant quelques nouvelles statistiques sur son ordinateur. Avec un peu de doigt mouillé… L’ordinateur afficha une estimation de 433 ans avant d’être capable de lancer une fusée dans l’espace. Impossible, il devait y avoir une erreur. Moodie épongea son front couvert de graisse de pétrole. Il ne connaissait pas vraiment les limites du logiciel qu’il utilisait, en fait ne s’était jamais inscrit aux travaux pratiques pour ce type de simulation et s’en mordait les doigts aujourd’hui. Tant pis, il miserait tout sur l’espoir et croiserait les doigts comme un idiot.