À la porte du futur
Moodie appréciait marcher dans ces allées entre les immenses immeubles composites aux multiples couleurs. Il arrivait à embrasser le regard des passants qu’il croisait, et se mouvait, balançait exactement comme il sentait qu’il serait à son aise, et cela créait un sentiment de complétude rare. Et en même temps il prenait rarement le temps de simplement marcher et de créer ces moments; plus souvent il profitait d’occasions futiles, un trajet quelconque, pour sentir ces instants où il se redécouvrait.
”– Hé Moodie !” lança une voix enjouée et calme. Laura arrivait rapidement à son coté, traversant la rue pavée.
Laura était une de ses plus proches amies, une grande mais jeune femme à la voix à la fois grave et douce. Elle aussi s’apprêtait à s’enrôler dans l’armée. Elle avait ses propres motivations, car elle avait été convaincu par les promesses d’aventures, et s’était fait à l’idée qu’il faudrait être patiente avant d’avoir accès à ce qui la passionnerait le plus; les territoires inconnus de l’espace, l’installation et la sécurisation de bases sur ou autour d’astres lointain sur lesquels aucun humain ou machine humaine n’avait mis les pieds; voilà ce qui ferait battre son coeur aussi fort que quand elle lisait les histoires des grandes découvertes.
Moodie était un peu triste pour elle car il était certain que l’expérience allait être une grande déception pour son amie. Il l’avait sous-entendu une fois ou deux quand ils parlaient de leur avenir, debout sur ce pont près de leurs habitations, mais il ne voulait surtout pas la heurter ou paraître vouloir la retenir ou lui imposer sa vision. Une situation inconfortable.
”– Hé Laura, on se tient compagnie jusqu’au centre ?”